Jacques Reda

El poeta Jacques Reda se muestra con un pullover azul. Su mirada irradia sosiego. En la pared del fondo hay estantes con libros y cuadros

Personajes en el suburbio    



Ustedes nunca terminan de agregar más cosas, 
cajas, casas, palabras. 
Sin ruido el amontonamiento aumenta en el centro de la vida 
y los empuja a la periferia, 
a los basureros, las autopistas, las ortigas; 
ustedes sólo existen como restos o humo. 
Sin embargo, caminan, 
dando la mano a sus hijos alucinados 
bajo el cielo vasto, y no avanzan;
se estancan para siempre frente al muro de la extensión
donde las cajas, las palabras rotas, las casas se les reúnen,
los empujan un poco más lejos en esa luz
a la que cada vez le cuesta más soñarlos.
Antes de desaparecer,
ustedes se dan vuelta para sonreirle a su mujer rezagada
pero ella también está atrapada en un remolino de soledad,
y sus rasgos borrosos son los de una vieja foto.
Ella no responde, pesada y desconsolada con el peso del día sobre sus párpados,
con ese peso vivo que se mueve en su carne y que la incomoda,
y el último billete del mes plegado en su blusa.



Personnages dans la banlieue




Vous n'en finissez pas d'ajouter encore des choses,
des boîtes, des maisons, des mots
Sans bruit l'encombrement s'accroît au centre de la vie
et vous êtes poussés vers la périphérie
vers les dépotoirs, les autoroutes, les orties:
vous n'existez plus qu'à l'état de débris ou de fumée
Cependant vous marchez
donnant la main à vos enfants hallucinés
sous le ciel vaste, et vous n'avancez pas vous piétinez sans fin devant le mur de l'étendue
où les boîtes, les mots cassés, les maisons vous rejoignent
vous repoussent un peu plus loin dans cette lumière
qui a de plus en plus de peine à vous rêver
Avant de disparaître
 vous vous retournez pour sourire à votre femme attardée
mais elle est prise aussi dans un remous de solitude,
et ses traits flous sont ceux d'une vieille photographie.
Elle ne répond pas, lourde et navrante avec le poids du jour sur ses paupières,
avec ce poids vivant qui bouge dans sa chair et qui l'encombre
et le dernier billet du mois plié dans son corsage.



JACQUES REDA (1929, Lunéville / 2024, Paris, Francia)
Traducción: Jorge Fondebrider
Enlaces: Asamblea de palabras | Otra iglesia es imposible
Imagen en metahodos.fr

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