AL SALIR eché un metro cúbico de luz
en el cráter como si de ti a mí se hubiera
metódicamente apagado el ir y venir
de las cosas el
oleaje y la resaca
conoces tú el trabajo de la sombra en torno
a nuestros ojos y todo lo que pasa
inadvertido cuando de repente tocamos
la hora que cae como cae
un sol que al caer aprende
a brillar hay en tu
última mirada
una obra inconclusa y en la mía
la urgencia de un día que se acaba
y en la tuya ahora una escala ascendente
que sube a varear la fruta de un árbol que
no es ni del sur ni del norte
mientras fuera la noche y el día
comen a la misma mesa
nada se mueve en esta
línea que va de tus ojos a los míos
en la que nada se mueve ni deja de moverse
NO HACE MUCHO QUE SACO las viejas fotos
de sus cajas
gracias a ellas
he llegado hasta aquí pero ellas también
me deben alguna cosa
nada
falta en los rostros que clavo
en las paredes de mi
habitación tu
sonrisa
no sufre cuando con el martillo en una
mano en la otra se alarga el
episodio siguiente
esto sucede
cerca de un pozo en el centro del patio de un
castillo medieval
hace tiempo que
nadie ha venido a
beber los
visitantes
de hoy tienen todo lo necesario en
sus botellas de
plástico también se
dice
que desde la última sequía los habitantes
de los alrededores han tirado allí a sus muertos
pero no es de eso de lo que te
quería hablar
ese
clavo sobre
tu cabeza no es ni una aureola ni un
castigo es apenas
el camino
que he recorrido antes de colgar mi vida
a un muro lejano y blanco y desde él
te espío y me espías y no tenemos
los dos acaso un martillo en la
mano y en la otra los clavos comunes
de nuestra historia
Traducción: José M.G. Holguera
J’AI EN SORTANT versé un mètre cube de lumière
dans le cratère comme si de toi à moi s'était
méthodiquement éteint le va-et-vient
des choses la houle
et le ressac
connais-tu le travail de l'ombre autour
de nos yeux et tout ce qui passe
inaperçu quand soudain nous touchons
l'heure qui tombe comme tombe
un soleil qui en tombant apprend
à briller il y a
dans ton dernier regard
une œuvre inachevée et dans le mien
l'urgence d'un jour qui se termine
et dans le tien à nouveau une échelle
montant battre les fruits d'un arbre qui
n'est plus ni du sud ni du nord
tant que dehors nuit et jour
mangent à la même table
rien ne bouge sur cette
ligne qui de tes yeux va aux miens
rien n'y bouge et rien n'y est figé
DEPUIS QUE JE RESSORS les vieilles photos
de leurs boîtes
c’est grâce à elles que
je suis arrivé jusqu’ici mais elles aussi
me doivent quelque
chose rien ne
manque dans les visages que je cloue
au mur de ma
chambre ton sourire
ne souffre pas quand d’une main je
tiens le marteau et que s’attarde dans
l’autre l’épisode qui suit
cela se passe
près d’un puits au milieu d’une cour d’un
château médiéval
voilà longtemps que
personne n’y est venu
boire les visiteurs
d’aujourd’hui ont tout ce qu’il faut dans
leurs bouteilles en
plastique on dit
aussi
que depuis la dernière sécheresse les
habitants des alentours y ont jeté leurs morts
mais ce n’est pas de cela que je
voulais te parler
ce
clou au-dessus de
ta tête n’est pas une auréole ni un
châtiment c’est à
peine le chemin
que j’ai parcouru avant d’accrocher ma vie
à un mur lointain et blanc et c’est de là
que je t’épie et que tu m’épies et n’avons
nous pas tous les deux un marteau dans
la main et dans l’autre les clous communs
de notre histoire