Amina Saïd | El poeta ocasional

Amina Saïd


Yo soy niña y libre     




Yo soy niña y libre 
de habitar domingos eternos 
en el sol posado sobre el horizonte 
en la claridad de todas las cosas 
la tierra contempla sus estaciones 
yo no tengo lugar ni domicilio
la vida está en todas partes y en ninguna

de la cisterna del patio la abuela saca
el agua para la albahaca y la menta
muele la sal y las especias
libra su combate cotidiano con la realidad
la brisa abulta las listas de la cortina
la lámpara brilla todavía
yo juego del otro lado de las imágenes

en los jardines de mi padre
los árboles cargan frutos antiguos
cuchichean en la lengua de los pájaros
el agua de los pozos canta dentro de los surcos
bajo mi paso nacen los caminos de arena
estoy en la inocencia del día
puro comienzo sin antes ni después

de una casita construida como un bote
me dejo llevar por la emoción azul
un ballet de hipocampos roza
las estrellas caídas del cielo
los erizos ornan las rocas
las algas titilan en mi puño
solo vive el instante en lo que yo contemplo

Yo soy niña y libre
no tengo lugar ni domicilio
vasto es el horizonte cuando el mundo
entero es un poema
hay un día enorme sobre la tierra
la noche no ha sido creada todavía
yo hago pie en todos los tiempos


Siempre en el poema




siempre en el poema
escucharé el silencio
antes de escuchar la palabra
beberé de su boca misma

entonces nacen las cosas
las palabras el mundo

yo digo; siempre en el poema
escucharé el silencio antes de las palabras

y tú respondes: si existe un dios
es allí que habita

yo descubro la vertiente exacta
de la sombra y de la luz
donde él acaba donde él comienza

y el silencio palpita tal como el mar
en su vientre de sal
palpita come el ala de un pájaro
que domestica lentamente el cielo
como el viento la tierra la vida

y si existe un dios sí
es allí que habita


Je suis enfant et libre




je suis enfant et libre
d’habiter d’éternels dimanches
soleil posé sur l’horizon
dans la clarté de toute chose
la terre contemple ses saisons
je n’ai lieu ni demeure
la vie est partout et nulle part

dans la citerne du patio l’aïeule puise
l’eau pour le basilic et la menthe
pile le sel et les épices
livre son combat quotidien au réel
la brise gonfle les rayures du rideau
la lampe brille encore
je joue de l’autre côté des images

dans les jardins de mon père
les arbres portent des fruits anciens
chuchotent dans la langue des oiseaux
l’eau du puits chante dans les sillons
sous mon pas naissent des chemins de sable
je suis dans l’innocence du jour
pur commencement sans avant ni après

d’une maisonnette construite tel un bateau
je me laisse couler dans l’émotion bleue
un ballet d’hippocampes frôle
les étoiles tombées du ciel
des oursins fleurissent les rochers
des algues scintillent à mon poignet
seul vit l’instant dans ce que je contemple

Je suis enfant et libre
je n’ai lieu ni demeure
vaste est l’horizon quand le monde
tout entier est poème
il fait grand jour sur la terre
la nuit n’est pas encore créée
j’ai pied dans tous les temps



Toujours dans le poème




toujours dans le poème
j'entendrai le silence
avant le mot
m'abreuverai à sa bouche même

alors naissent les choses
les mots le monde

je dis : toujours dans le poème
j'entendrai le silence avant les mots

et tu réponds : s'il existe un dieu
c'est là qu'il habite

je découvre l'exact versant
de l'ombre et de la lumière
où il finit où il commence

et le silence palpite telle la mer
en son ventre de sel
palpite comme l'aile d'un oiseau
apprivoisant lentement le ciel
comme le vent la terre la vie

et s'il existe un dieu oui
c'est là qu'il habite


Amina Saïd, traducida del francés por Adam Gai
AMINA SAID (1953, Túnez, Túnez)
Traducción del francés: Adam Gai
Enlace: Festival de Poesía de Medellín | Mujer del Mediterráneo



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