Jean Portante | El poeta ocasional

Jean Portante















AL SALIR eché un metro cúbico de luz

en el cráter como si de ti a mí se hubiera

metódicamente apagado el ir y venir 

de las cosas           el

oleaje y la resaca



conoces tú el trabajo de la sombra en torno

a nuestros ojos y todo lo que pasa

inadvertido cuando de repente tocamos

la hora que cae como cae



un sol que al caer aprende 

a brillar           hay en tu

última mirada

una obra inconclusa y en la mía 

la urgencia de un día que se acaba



y en la tuya ahora una escala ascendente

que sube a varear la fruta de un árbol que

no es ni del sur ni del norte

mientras fuera la noche y el día



comen a la misma mesa

nada se mueve en esta

línea que va de tus ojos a los míos

en la que nada se mueve ni deja de moverse








NO HACE MUCHO QUE SACO las viejas fotos

de sus cajas

          gracias a ellas 

he llegado hasta aquí pero ellas también

me deben alguna cosa

          nada



falta en los rostros que clavo 

en las paredes de mi

habitación           tu

sonrisa 

no sufre cuando con el martillo en una 

mano en la otra se alarga el



episodio siguiente          

esto sucede 

cerca de un pozo en el centro del patio de un

castillo medieval

          hace tiempo que 

nadie ha venido a

beber           los

visitantes



de hoy tienen todo lo necesario en 

sus botellas de

plástico           también se

dice 

que desde la última sequía los habitantes 

de los alrededores han tirado allí a sus muertos



pero no es de eso de lo que te 

quería hablar

                              ese

clavo sobre 

tu cabeza no es ni una aureola ni un



castigo           es apenas

el camino 

que he recorrido antes de colgar mi vida

a un muro lejano y blanco y desde él 

te espío y me espías y no tenemos



los dos acaso un martillo en la 

mano y en la otra los clavos comunes

de nuestra historia






Jean Portante (1950, Differdange, Luxemburgo)

Traducción: José M.G. Holguera





J’AI EN SORTANT versé un mètre cube de lumière


dans le cratère comme si de toi à moi s'était
méthodiquement éteint le va-et-vient
des choses           la houle
et le ressac

connais-tu le travail de l'ombre autour
de nos yeux et tout ce qui passe
inaperçu quand soudain nous touchons
l'heure qui tombe comme tombe

un soleil qui en tombant apprend
à briller           il y a
dans ton dernier regard
une œuvre inachevée et dans le mien
l'urgence d'un jour qui se termine

et dans le tien à nouveau une échelle
montant battre les fruits d'un arbre qui
n'est plus ni du sud ni du nord
tant que dehors nuit et jour

mangent à la même table
rien ne bouge sur cette
ligne qui de tes yeux va aux miens
rien n'y bouge et rien n'y est figé








DEPUIS QUE JE RESSORS les vieilles photos
de leurs boîtes         
c’est grâce à elles que
je suis arrivé jusqu’ici mais elles aussi 
me doivent quelque
chose           rien ne


manque dans les visages que je cloue
au mur de ma
chambre           ton sourire 
ne souffre pas quand d’une main je
tiens le marteau et que s’attarde dans

l’autre l’épisode qui suit
         cela se passe 
près d’un puits au milieu d’une cour d’un
château médiéval         
voilà longtemps que 
personne n’y est venu
boire           les visiteurs

d’aujourd’hui ont tout ce qu’il faut dans
leurs bouteilles en
plastique           on dit
aussi
que depuis la dernière sécheresse les 
habitants des alentours y ont jeté leurs morts

mais ce n’est pas de cela que je
voulais te parler
                                        ce
clou au-dessus de 
ta tête n’est pas une auréole ni un

châtiment          c’est à
peine le chemin 
que j’ai parcouru avant d’accrocher ma vie
à un mur lointain et blanc et c’est de là
que je t’épie et que tu m’épies et n’avons

nous pas tous les deux un marteau dans 
la main et dans l’autre les clous communs 
de notre histoire 







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